Discours du Directeur Général, DGESCO 3ème Congrès des Sections Internationales   –             OIB 14 octobre 2010

Monsieur le président, monsieur le maire, monsieur le directeur du CIEP, mesdames et messieurs les membres des représentations diplomatiques, mesdames et messieurs les inspecteurs généraux, mesdames et messieurs les chefs d’établissements, mesdames et messieurs. Je suis évidemment très heureux d’être parmi vous aujourd’hui pour toute une série de raisons que je vais expliquer maintenant.
 

Comme vous venez de le dire, monsieur le président, j’en ai quelques-unes qui sont personnelles. D’abord parce que je suis un ancien citoyen de Sèvres, donc je suis très heureux de me retrouver avec le maire de Sèvres et dans cette ville que j’aime beaucoup, très proche du CIEP et de Roger Pilhion que je suis aussi heureux de voir là, et puis de vous-même. Monsieur le président, comme vous l’avez dit, parce que dans les années passées vous avez toujours été, comme chacun sait, en première ligne pour défendre les intérêts des Sections Internationales et nous avons été très fortement à votre écoute, tout simplement parce qu’il y a une conviction profonde et partagée au ministère , rue de Grenelle, quant aux enjeux qu’il y a derrière les Sections Internationales : ce sont les enjeux de l’ouverture internationale du système éducatif mais, plus profondément encore, de l’ouverture pédagogique de notre système qui consiste à considérer que ce que vous faites n’est pas une bulle du système éducatif mais au contraire , une avant-garde qui peut avoir un intérêt pour l’ensemble du système éducatif.

 

Alors il y a beaucoup de choses à rappeler, même si vous les connaissez, mais en les disant je voudrais surtout vous apporter la reconnaissance du ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, qui aurait aimé être parmi nous aujourd’hui et qui tient évidemment à saluer tout ce qui se passe au travers des Sections Internationales.

D’abord on peut considérer que les Sections Internationales sont aujourd’hui un dispositif d’excellence ancré dans le paysage éducatif mais en même temps en mouvement, toujours à la pointe de l’innovation avec des nouveautés et des évolutions permanentes. Récemment, deux langues sont apparues dans la liste des Sections Internationales, le chinois avec une première session de l’OIB chinoise en 2010, et le russe avec une ouverture de section russe prévue aussi en 2010. Avec le chinois nous avons une nouvelle DNL (nouvelle discipline non linguistique), les mathématiques qui sont choisies pour compléter l ‘enseignement de langue et de littérature. Je crois que c’est important que les mathématiques, une discipline scientifique, soit autant concernée que les disciplines dites littéraires.

 

L’évolution est aussi quantitative. Je lisais avant de venir les éléments historiques qui sont ceux de votre dossier. Il y a eu un temps des pionniers et nous sommes maintenant véritablement dans un temps de la maturité, avec 14.745 élèves dans le second degré à la rentrée 2009 en métropole et outremer. J’insiste sur l’outremer évidemment parce que je pense que nous devons avoir une attention particulière à l’outremer. Je le dis comme ancien recteur de Guyane qui a eu à voir la question de la relation avec le Brésil en particulier, qui était très importante pour ce territoire. Mais je le dis aussi à la lumière des récents états généraux de l’outremer qui ont dit également à quel point nous devions être attentifs à ce que ces territoires tirent le maximum de bénéfices, le maximum d’intérêts pour les élèves des voisinages internationaux qui sont les leurs et qui sont évidemment différents d’un territoire à l’autre.

Il y a quinze langues de Sections Internationales : allemand, américain, arabe, anglais, chinois, danois, espagnol, italien, japonais, néerlandais, norvégien, polonais, portugais, russe, suédois. C’est évidemment très impressionnant avec, de plus, des résultats exceptionnels qui sont synonymes d’excellence pédagogique puisqu’il y a 98,6% de réussite au baccalauréat des élèves des Sections Internationales. C’est évidemment un chiffre très significatif et qui est plus qu’encourageant, qui montre bien que nous sommes là dans une situation d’avant garde. Je sais bien que beaucoup d’élèves sont issus plutôt des classes moyennes et des classes favorisées dans ces sections, mais c’est aussi je crois un des défis que nous avons d’arriver aussi à une diversification sociale et j’ai déjà parlé de ce sujet avec certains et certaines d’entre vous qui sont dans la salle. Je sais aussi que vous êtes très attentifs à cette dimension d’ouverture sociale des Sections Internationales.

 

Les Sections Internationales représentent ainsi un dispositif d’avant-garde dont on peut s’inspirer. En 2010 donc, la FDEI commémore le 50ème anniversaire des Sections Internationales de Sèvres mais aussi le 25eme anniversaire de l’option internationale du baccalauréat, ce que nous appelons l’OIB, et nous avons ainsi beaucoup d’anniversaires à fêter. Nous avons aussi des futurs anniversaires puisque en 1992 il y avait eu la création des sections européennes ou de langues orientales, les SELO, sigle qui est maintenant familier au sein du ministère, avec une référence explicite dans la circulaire aux Sections Internationales comme un enseignement innovant et spécifique. Et donc les SELO, on peut le dire, ont été inspirées par les Sections Internationales dont elles relèvent ainsi un peu. Il était dit dans cette circulaire, je la cite « l’objectif général de ce dispositif, celui des SELO, est d’offrir à tous les élèves motivés par l’apprentissage des langues vivantes ce qui a fait le succès pédagogique des Sections Internationales ». C’est vraiment l’illustration de ce que je disais tout à l’heure, c’est à dire que nous considérons les Sections Internationales comme une avant-garde inspiratrice.

En 1994 l’ABIBAC, c’est-à-dire, et vous le savez tous, la délivrance simultanée du baccalauréat français et de l’ABITUR, est créé avec un enseignement de langue et de littérature et un enseignement de DNL, discipline non linguistique en l’occurrence histoire géographie. Les enseignements qui sont créés dans ce cadre sont assez voisins de, assez ressemblants à ceux des Sections Internationales. Donc, là encore, on voit bien une inspiration des Sections Internationales sur notre système. Et puis en 2010, dans le cadre de la réforme du lycée, le Président de la République a exprimé sa volonté de voir la série littéraire devenir une série internationale. Dans le cadre de la revalorisation de la filière L, l’un des instruments utilisés, l’un des outils, l’un des leviers de cette revalorisation est le marqueur international. II est même je dirai le premier d’entre eux avec un enseignement obligatoire de littérature étrangère en langue étrangère qui est institué dans la série L du baccalauréat général. Cela fera l’objet d’une heure et demie hebdomadaire lorsque la réforme s’appliquera aux terminales, c’est -à-dire, à partir de la rentrée 2012.

Comme l ‘illustre donc l’histoire de l’enseignement en langues vivantes étrangères, les Sections Internationales sont le socle de l’ensemble de ces dispositifs et nous en sommes très heureux. Je dirais aussi que les Sections Internationales représentent un dispositif très original, mais que nous avons su à l’Education nationale l’intégrer, c’est-à-dire nous avons je crois réussi tous ensemble à préserver son originalité tout en en faisant un élément interne au système éducatif, et donc les Sections Internationales accompagnent le système éducatif dans ses évolutions et évidemment la réforme du lycée en est une illustration importante.

On pourrait aussi parler de l’enseignement de langue vivante à l’école primaire, mais aussi de tout ce que nous envisageons pour le développement des langues dans le système éducatif – je pense, par exemple, à l’usage du numérique pour l’apprentissage des langues vivantes qui est un sujet important pour nous et qui, bien entendu, est articulé avec ce qui peut se passer en Section s Internationales. Je pense aussi au développement de la politique d’accompagnement éducatif aux langues vivantes qui en est encore à ses débuts, qui touche surtout l’anglais, mais pas seulement l’anglais, et qui doit nous permettre en collège d’avoir de l’enseignement renforcé selon des méthodes qui peuvent différer de celles qui sont utilisées en cours notamment par des activités culturelles par exemple en anglais – des activités de théâtre en anglais par exemple – je pense à « cycle Shakespeare »  que nous avons ouvert dans l’académie de Créteil et où des élèves de différents collèges, pour la plupart des élèves de collèges de zone très défavorisées, réalisaient ensemble la même pièce de Shakespeare, Roméo et Juliette pour le citer. Beaucoup de bruit pour rien, Hamlet et ensuite, et donc tout en anglais, sont mobilisés les uns pour être acteurs, d’ autres pour être costumiers ou tout autre, ou s’occupant du décor, bref toutes les fonctions du théâtre et ensemble ils prouvaient que ces méthodes fonctionnent et vous aviez en fin d’année scolaire devant les parents d’élèves tous les élèves qui jouaient du Shakespeare en anglais alors même que ces élèves avaient souvent un niveau très médiocre en anglais en début d’année scolaire. Je ne cite que ces exemples. Je pourrais approfondir la question du numérique en particulier qui est aujourd’hui si essentiel pour dire que bien entendu, c’est l’ensemble du système éducatif qui doit être tiré vers le haut en matière linguistique et que les Sections Internationales, je le répète, représentent une inspiration pour ces nouvelles pratiques, et ces nouveaux développements.

 

Donc depuis le décret de 1981 qui a posé les bases de la réglementation relative aux Sections Internationales, la réglementation et la loi se sont enrichies afin de consacrer les particularités de cet enseignement. De plus l’administration centrale, la direction générale de l’enseignement scolaire bien sûr, mais aussi la DREIC (la direction des relations internationales de notre ministère) en lien avec l ‘inspection générale de l’éducation nationale ont orchestré le suivi de ces Sections et assuré leur conformité aux normes de l’éducation nationale. La création des sections binationales en juin 2010 a permis de distinguer clairement les baccalauréats binationaux – ABIBAC, que je citais tout à l’heure, mais aussi BACHIBAC et ESABAC, des Sections Internationales qui elles préparent à l’Option Internationale du Baccalauréat, ce que nous appelons l’OIB et que vous connaissez bien. De ce fait l’identité des Sections Internationales s’en est trouvée renforcée.

Actuellement il y a une grande enquête nationale qui a été lancée pour faire un état des lieux des Sections Internationales dans les lycées français sur le territoire français mais aussi dans les lycées français à l’étranger, dans le réseau de l’AEFE. Prochainement, de nouvelles instructions ministérielles viendront renforcer la gestion des Sections Internationales avec des ouvertures de Sections, la gestion des examens de l’OIB, pour mieux garantir leurs qualités et préserver leur identité. S’agissant de la réforme du lycée dont je parlais tout à l’’heure, une fois encore cette évolution permettra d’abord de préserver les spécificités des Sections Internationales et même de s’en inspirer. Et puis on peut imaginer que dans de nouveaux chantiers à venir comme le référencement des niveaux de langue de l’OIB par rapport au cadre européen commun de référence pour les langues, il y aura une attention particulière pour les Sections Internationales.

 

En conclusion, je dirai que l’élargissement du dispositif s’est réalisé dans un cadre institutionnel de plus en plus renforcé. En 1960 les Sections Internationales de Sèvres, où nous nous trouvons, accueillaient pour leur première rentrée 14 nationalités différentes en collège. Aujourd’hui on compte 6116 élèves répartis dans les 15 types de Sections Internationales et ainsi sont donc un formidable vecteur d’attractivité de notre territoire dans le cadre de la mondialisation et ainsi c’est aussi souvent une des modalités de nos accords internationaux bilatéraux. Mais ça correspond enfin et surtout à un besoin, à une meilleure garantie de la cohérence et la cohésion du réseau mais aussi à un besoin qui est de plus en plus exprimé par les familles qui fait des établissements qui reçoivent les Sections Internationales des établissements attractifs. De ce point de vue là, les Sections Internationales peuvent évidemment être un outil de politique territoriale et nous devons avoir une approche évidemment globale de ce sujet à l’échelle du territoire. Les Sections Internationales sont donc à l’image de ce que nous souhaitons pour l’éducation nationale en général – une avant-garde pédagogique ouverte sur le monde par définition, tenant compte de la mondialisation, des évolutions du 21éme siècle, tenant compte des progrès technologiques, tenant compte aussi des nouvelles configurations internationales, tenant compte notamment aussi de la géopolitique internationale, mais aussi des Sections Internationales au service des objectifs du système éducatif , c’est à dire les objectifs de transmission des savoirs. Les Sections Internationales, de ce point de vue là, sont aussi synonymes de rigueur pédagogique, de qualité pédagogique, d’attention renforcée, d’implication de tous les acteurs – je pense en particulier aux parents d’élèves évidemment et aussi à l’ensemble des acteurs du système éducatif qui, en général , trouvent dans les Sections Internationales un élément de cohésion, un élément de travail en commun, ce travail en équipe qui, nous le savons bien, est une clé de la réussite des élèves parce que lorsque les adultes travaillent bien ensemble, les élèves travaillent bien ensemble aussi. Donc les Sections Internationales sont vraiment pour nous une référence – le ministre le pense et je n’hésite pas en son nom aujourd’hui à le dire et bien entendu, nous souhaitons soutenir fortement un évènement comme celui d’aujourd’hui et au delà de cet événement, bien entendu, l’action qui est la vôtre. Merci beaucoup.